Histoire du village
Il est fait mention du nom de Saint-Izaire pour la première fois dans un acte datant de 862 conservé autrefois dans les archives de l’évêché deVabres. Ce document faisait foi que la vingt-deuxième année du règne de Charles-le-Chauve, c’est-à-dire en 862, un riche seigneur du pays, du nom de Rolland, fit donation aux moines bénédictins récemment installés à Vabres de tous ses biens: le domaine des Armayrols avec une chapelle dédiée à Saint-Izaire, Saint-Jean d’Alcapies etc…
Selon l’écho paroissial rédigé par l’abbé Hermet en 1906 : ‘’Rolland était un ecclésiastique très proche de Raymond, comte de Toulouse et de Rouergue; il était son filleul. Etait-il originaire de ce qui est, aujourd’hui Saint-Izaire ? L’Histoire ne le dit pas. En tout cas ses fonctions ne devaient pas lui permettre d’y résider en permanence mais il est, cependant, probable que les rives enchanteresses du Dourdou l’y attiraient et l’y retenaient au moins quelques semaines par an.’’
L’abbé Rolland après avoir donné tous ses biens au monastère de Vabres cédant à l’attrait surnaturel qui le dirigeait vers le cloître embrassa la vie religieuse dans ce même monastère qu’il venait de si richement doter. Les abbés bénédictins de Vabres sont donc devenus pasteurs spirituels et seigneurs temporels de ces biens et pour obtenir la protection du roi de France ils durent lui en concéder le « paréage ». Ainsi roi et abbés (et plus tard évêques) de Vabres en deviennent coseigneurs. En 1285, un accord fixe les droits de l’un et des autres.
Invasions, brigandages et luttes entre féodaux font régner une terrible insécurité et il est vraisemblable que le village s’enferme peu à peu dans des remparts qui deviennent le refuge des habitants des environs lors des désordres. Le château et le bourg fortifié datent des évêques de Vabres qui font de Saint-Izaire leur résidence d’été ainsi qu’un solide refuge.
Le traité de Brétigny (1360) cède le Rouergue aux Anglais qui tentent de s’attacher la population. De 1362 à 1370, une garnison anglaise aux ordres du capitaine Folques l’Allemant cohabite avec les gens de l’évêque dans le château de Saint-Izaire. Elle l’évacuera sans combat lorsque la révolte commencera à gronder. Au commencement du 15ème siècle les remparts tombaient en ruine ; ils furent reconstruits par les soins de l’évêque, Monseigneur Guillaume de Bastide (évêque de 1412 à 1421) avec le concours des habitants du village. Cette précaution était bien nécessaire à l’époque où le pays était harcelé par les bandes de brigands qui, sous le nom de routiers, ravageaient, pillaient, incendiaient les hameaux etvillages qui n’étaient pas en état de se défendre. Les remparts étant reconstruits, il fallait les garder de nuit et de jour, pour mettre le village à l’abri des ennemis. Les hommes valides de Saint-Izaire et des hameaux montaient la garde à tour de rôle.
A la fin des guerres de religions et le retour de la paix cette enceinte a perdu son rôle de fortification, et a été percée de fenêtres, les portes fortifiées ont été démolies pour le passage des charrettes ou pour agrandir les maisons voisines. Le tracé des rues, ruelles et maisons est inchangé depuis le Moyen-âge, et dans certaines rues on peut encore voir de très belles façades et fenêtres du XVème siècle.Nouvelle réparation en 1650 à l’initiative des Consuls. En 1635 la voûte de la vieille église, incluse dans le rempart est abaissée et l’espace ainsi créé a permet de loger selon les besoins, le maitre d’école ou le corps de garde.
La structure du village médiéval
Maintenant parlons du village proprement dit. Quel aspect présentait-il au Moyen Age, depuis les croisades jusqu’à François 1er?
A cette époque, notre village était à peu de choses prés, ce qu’il est actuellement ; je ne parle pas de toutes les maisons le long de la berge rive gauche ni, bien sûr, de la rive droite (La Planque). Nous allons parler du bourg médiéval et de ses faubourgs.
Les remparts
Il est difficile de déterminer l’époque précise où furent élevées les fortifications de Saint-Izaire ; on sait seulement quelles existaient au 14ème siècle. L’enceinte était faite de hautes et épaisses murailles, les maisons prenaient appui sur la face intérieure.
En cas de danger la population des environs se réfugiait dans le bourg avec ses biens. En contre partie, elle devait participer à la garde du château et du bourg.
Ces remparts formaient un quadrilatère régulier ayant pour base une ligne droite, aujourd’hui la « rue des fossés». Aux extrémités de cette rue, les murailles montaient directement vers le château qui dominait le bourg de sa masse imposante.
Côté Est, les fortifications se reliaient à l’ancienne église ( z ) dont le mur extérieur formait rempart, ce qui explique pourquoi dans les temps troubles, une partie de la garnison logeait dans les combles de l’église.
Les Portes
On pénétrait dans le bourg par l’une des six portes (3 coté Est, 1 coté Sud et 2 coté Ouest).
Les rues
Aujourd’hui, le tracé des rues, ruelles, et des maisons est encore celui du Moyen Age.
Les faubourgs ou « Lous Barris»
Les faubourgs, autrement dits « lous barris» parce qu’ils comprenaient les maisons situées en dehors des « barrières » ou remparts. Deux barris sont fréquemment mentionnés dans les actes :
-Lou Barri de la Fon ( A ), prés du moulin. Outre le chemin qui menait à la fontaine, il y avait la rue de las Souts ou des écuries.
Du coté opposé, face Est, sous le cimetière d’alors, se trouvait « lou Barri de la Crous» ( V ), correspondant à la vieille maison, tirant son nom de la croix de Géraud, croix très ancienne remontant au XIVème siècle.
L’espace compris entre les remparts et la rivière était occupé par des jardins et un simple chemin, cette partie s’appelait la Cave.
C’est sur cet emplacement qu’ont été bâties depuis toutes les maisons du bord de rivière. Les jardins étaient désignés sous le nom de «lous orts dé joust la Cava» Dans ce quartier il n’y avait qu’une petite mégisserie ou tannerie appelée « la Calquieyra ».
Les rues montantes (à l’Ouest du Barri de la Font et à l’Est du Barri de la Crous) n’étaient jamais désignées sous ces noms, les noms s’appliquaient au groupe d’habitations et non point à la rue.
Toutes les autres rues ou ruelles n’avaient aucun nom particulier. On se contentait de dire : la rue qui va à l’église, la rue qui va au château…